Fiche ouvrage
 
Code : 22438
Titre : Les entretiens d'Ariste et d'Eugène. Nouvelle édition Où les mots des devises sont expliquez.
Auteur : [BOUHOURS].
Edition : Paris, Veuve delaulne, 1734.
Année :
Format : In-12 de : 3 feuillets (titre, épitre), 516 pages et 8 feuillets (table, privilège, catalogue des livres chez la veuve Delaulne). Bon état intérieur.
Reliure : Plein veau blond marbré, dos à nerfs orné de fers à la toile d'araignée, pièce de titre de maroquin, filet sur les coupes, tranches rouges. Armes frappées sur les deux plats de Jean-Baptiste-Antoine de Malherbe (d'hermine à six roses de gueules). Petit ac
Prix : 250 €uros
Observations : Jean-Baptiste-Antoine de Malherbe fils de Jean-Baptiste marquis de Malherbe naquit à Caen en 1712. Reçu prêtre et docteur de Sorbonne , il fut nommé entre autres distinctions, chanoine de la cathédrale de Paris, puis vicaire général de Rouen. Il meurt à caen en 1771. En même temps qu’une réflexion sur la lecture au XVIIe siècle comme travail et déplacement de la citation et du lieu commun, les Entretiens de Bouhours nous montrent ainsi comment «civiliser la doctrine» à l’usage des honnêtes gens en poursuivant ainsi le travail de vulgarisation illustré par les Œuvres diverses de Balzac ou les conversations de Madeleine de Scudéry ou du chevalier de Méré. En retrouvant le ton montaignien de l’essai libre, à bâtons rompus, Bouhours présente sa matière sous formes de dialogues entre deux amis sur le ton familier de la conversation qui fait agréablement passer ce que le savoir systématique pourrait avoir d’ennuyeux et qui par leur recherche de l’harmonie consensuelle évitent l’opposition polémique des opinions. Une telle esthétique de la négligence savante qui est celle des auteurs mondains s’adressant à un public galant d’honnêtes gens consonne avec celle de la conversation dans laquelle, contrairement aux dialogues théorétiques de Platon avec lesquels les entretiens partagent la même fonction heuristique, on varie l’importance des protagonistes pour briser tout didactisme dans une leçon mouvante et toujours recommencée. Se forme ainsi, par touches impressionnistes ce que les éditeurs nomment très proprement une «encyclopédie pour gens du monde» qui embrasse le macrocosme («La mer»), l’outil de communication («La langue française»), l’espace politique et privé («Le secret»), la psychologie et l’esthétique («Le bel esprit» et «Le je ne sais quoi)», et enfin le microcosme («Les devises») . Comme à la même époque les livres des Fables de La Fontaine, le recueil du P. Bouhours révèle une unité dans la variété à travers les correspondances thématiques d’un entretien à l’autre, d’autant qu’il partage une communauté d’inspiration avec le versant galant et gracieux du classicisme, celui des Amours de Psyché ainsi qu’avec son versant sublime, que la traduction par Boileau du Traité du Sublime allait mettre en évidence. Dans cette récurrence de motifs qui tissent le recueil on peut souligner une interrogation sur la langue et les signes, dont les Entretiens déploient toute la gamme depuis la transparence signifiante de la clarté jusqu’à l’opacité du mystère et du secret en passant par le codage de la métaphore et l’allégorie de la devise. Par la langue française, on saisit l’aboutissement de toute la réflexion en italien puis en français sur l’honnête homme, dont les qualités sont supposées culminer chez les contemporains de Bouhours au nom du mythe moderniste de la gloire du siècle de Louis XIV vanté dans tout le second entretien. Notons pour finir la sensibilité propre du jésuite dans son émerveillement devant les mystères de la Création et les beautés du monde qui confère par endroits à la prose longue main sur l’évolution de la rhétorique classique et l’articulation entre discours savant et dialogue mondain.
Sources : Alain Génetiot, « Dominique Bouhours, Les Entretiens d’Ariste et d’Eugène », Studi Frances.
Catégories : LITTERATURE ANCIENNE;REGION NORMANDIE GENERALITES;
   







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